Fernand le Rachinel : réunificateur et dissident
Désormais candidat pour le Parti de la France, Fernand le Rachinel était hier dans nos studios pour expliquer les raisons de sa candidature à cette élection régionale. L'infatigable partisan de la réunification normande sème la division à l'extrême droite. Et ça ne semble pas lui causer d'états d'âme face à un Front National dans lequel il ne se reconnaît plus du tout.
Il voit ça comme son "dernier tour de piste". A 67 ans, Fernand le Rachinel se lance dans son ultime bataille électotale après 30 ans de carrière politique. Mais le tour de piste est avant tout un pied-de-nez pour rendre au Front National la monnaie de sa pièce. Petit retour en arrière : en 2007 et en 2008, l'imprimeur de Saint Lô apporte sur un plateau doré 8 millions d'euros à son parti pour l'aider à financer ses campagnes présidentielle, législatives et municipales. Un prêt dont il ne reverra jamais la couleur. L'affaire se termine finalement devant les tribunaux et Fernand le Rachinel obtient gain de cause. Depuis, il est comme une épine débitrice dans le pied d'un Front National finacièrement mal en point.
Mais s'il a claqué la porte du FN, c'est aussi parce qu'il ne se retrouvait plus dans son système de valeurs. Jamais avare d'un calembour, Fernand le Rachinel estime que le Front National s'est transformé en "Front familial", fustigeant au passage "le contact humain assez difficile de Marine le Pen". Du coup, 11 ans après l'épisode Bruno Mégret, une grande partie des cadres de l'extrême-droite ont de nouveau migré hors du Front pour se retrouver autour de Carl Lang, ex-député européen, et fondateur de ce tout nouveau Parti de la France que Fernand le Rachinel se propose de porter sur les fronts baptismaux de la campagne électorale en Basse-Normandie. Dans la balance, il y aura d'un côté l'étiquette "Front National" et de l'autre le nom de Fernand le Rachinel qui est loin d'être inconnu pour les Bas-Normands. La combinaison des 2 avait presque atteint les 15% lors des régionales de 2004.
Car les convictions de Fernand le Rachinel n'ont pas changé. il se définit lui-même comme le "canal historique" du FN : rétablissement des maisons de corrections, préférence nationale pour le logement, défense des valeurs familiales traditionnelles, etc.
Mais c'est sur la réunification normande qu'il est intarrissable. Il en est un partisan enfiévré depuis plus de 30 ans. Cette réunification, c'est la clef de voûte de son programme, sa pierre philosophale, le Yin et le Yang de toute sa politique. Que ce soit en matière économique ou en matière fiscale, rien ne se fera avant, tout se fera après. Il n'y a d'ailleurs qu'à l'entendre. Quand il parle de la réunification normande, Frenand le Rachinel est un passionné : il s'enflamme, il tempête, il fulmine il explose, il invective. Et sa patience depuis 30 ans est à bout. Il ne croit pas aux déclarations d'intention de la droite fraîchement convertie aux vertus réunificatrices sous les auspices sarkozyens du Grand Paris. Il donne des gages à la gauche sur la question mais stigmatise sa logorrhée de rapports de toutes sortes sur le sujet. Quant à la question de la capitale, elle est pour lui un "acte de sabotage" de ceux qui ne veulent pas de cette réunification. Caen, Rouen, Le Havre ... Peu lui chaut. L'Etat doit d'abord refaire ce qu'il a défait et la question de la capitale sera tranchée par référendum.
Fernand le Rachinel verra-t-il cette réunification normande ou est-on encore parti pour 30 ans d'hésitations et de discussions ? Au fond, c'est la seule question qui l'intéresse. Il en oublierait presque la date du premier tour de ces élections régionales. Pas anodin pourtant car la droite regardera de près son score. Sa candidature peut empêcher la présence de l'extrême droite au second tour et donc favoriser un affrontement gauche-droite classique le soir du 21 mars. L'élection serait d'autant plus serrée. Cette candidature de Fernand le Rachinel, toujours aussi haute en couleurs, pourrait alors dépasser le simple cadre de l'anecdote.
Ecoutez l'interview en intégralité :
Fernand le Rachinel sera le mercredi 3 mars sur Nostalgie Caen 106.4FM à 7h30 et 8h30.
Retrouvez l'ensemble des candidats dans Nostalgie Info Caen 106.4FM lors de nos 2 semaines spéciales sur les élections régionales du 1er au 12 mars prochain.