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L'essentiel de l'actualité sur Caen et le Calvados avec Nostalgie
17 mars 2011

Fukushima-Flamanville : si loin, si proche...

FukushimaL'accident nucléaire, ou peut-être la catastrophe actuellement en cours au Japon fait inévitablement tourner les yeux des Bas-Normands vers la centrale de Flamanville dans la Manche. Là-bas, 2 réacteurs fonctionnent au bord de la mer depuis bientôt 25 ans. Il n'y a jamais eu d'incident majeur sur place, si ce n'est un événement de niveau 2 (selon l'échelle INES) déclaré à l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) en janvier 2002.

Mais si Flamanville fait régulièrement parler d'elle, c'est à cause ou grâce au réacteur EPR, actuellement en construction sur la troisième tranche de la centrale, un réacteur de nouvelle génération dont la mise en service n'est désormais plus prévue avant 2015 à cause du retard qu'a pris le chantier. Un accident mortel en janvier dernier n'a d'ailleurs pas arrangé les choses. Flamanville

Flamanville n'est qu'un rouage de l'immense dispositif nucléaire du Nord-Cotentin, dont l'usine de traitement AREVA de la Hague est le symbole. On pourrait également y ajouter l'arsenal de Cherbourg, spécialisé dans la construction des sous-marins nucléaire. C'est dire que les Bas-Normands ont de quoi regarder les événements de Fukushima avec un fond d'inquiétude, même si le niveau de risque, notamment en matière de séisme, n'est pas du tout le même que sur l'archipel.

 

La rédaction de Nostalgie Caen a voulu faire le point sur la situation en interviewant le directeur de la centrale de Flamanville, Alain Morvan, arrivé en fonction il y a seulement quelques jours. A quoi est censée résister la centrale ? Le bâtiment réacteur dispose-t-il d'un circuit de refoidissement fiable ? Qu'adviendrait-il en cas d'attentat majeur type 11 septembre ? Parallèlement, nous avons interviewé le représentant de l'Autorité de Sûreté Nucléaire à Caen. Pour mieux comprendre, il est revenu avec nous sur le rôle de l'ASN, l'échelle de classification des incidents nucléaires, les accidents graves en France et la possible situation à Fukushima.

Ecoutez Alain Morvan, directeur de la centrale de Flamanville dans la Manche :


Ecoutez Simon Huffeteau, chef de l'Autorité de Sûreté Nucléaire à Caen :

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Commentaires
M
Pierre,<br /> Vous êtes apparemment fort mal informé. Déjà vous confondez la sécurité et la sûreté. La sécurité représente ce qui est le risque conventionnel, c'est à dire propre à toute industrie. Pour le risque nucléaire, on parle de sûreté...<br /> Vous parlez d'emplois très nombreux dans des industries de pointe. Qu'elles soient de pointe est sans doute indiscutable; pour autant les emplois générés dans la maintenance nucléaire concernent essentiellement du travail sous-traité, le plus souvent intérimaire. Ces emplois n'ont souvent rien de pointe; ils s'exercent juste dans un secteur à haut risque radiologique. En outre, ces personnels sont souvent traités comme du bétail, toujours en grand déplacement et loin de leur famille. Ils vivent dans des conditions très précaires (le plus souvent dans des caravanes). Ces emplois que vous évoquez sont surtout des emplois de survivance, ils ne sont pas du tout en corrélation avec le niveau de vie que l'on peut souhaiter dans un pays comme la France.<br /> Il y autre chose de choquant dans votre propos; vous dites: jusqu'à présent, les installations font la démonstration de leur "sécurité". C'était aussi le cas à Tchernobyl en 86 ou Fukushima en 2011. Croyez-vous que parce que nous sommes français, nous soyons à l'abri? Il faut arrêter cette auto-suffisance... Nous sommes passés en 99 à deux doigts d'une catastrophe majeure à la centrale du Blayais!<br /> Que le risque nucléaire soit effrayant ou non n'empêche pas que le risque existe. Tous les salariés du nucléaire savent très bien que ce risque est maîtrisé dans la limite du dimensionnement. Au-delà, aussi improbable soit-elle, c'est la catastrophe. On peut faire le pari que la catastrophe n'arrivera pas, il y a tellement peu de chances! Mais si elle arrive, c'est des 100aines de kilometres carrés de notre territoire insalubres, et peut être des dizaines de milliers de morts. Peut-on vraiment mettre en jeu notre avenir sur la base de raisonnements probabilistes? D'ailleurs, plus on construit de centrales nucléaires, et plus le risque d'accident augmente! Maintenant, je suis bien d'accord avec vous, les probabilités de mourir d'un accident nucléaire sont probablement inférieures à celles d'un crash d'avion, mais l'accident nucléaire ne s'arrête pas à la mort subite.<br /> Le nucléaire devrait être une énergie de dernier recours (de toute façon les stocks d'uranium ne sont pas infinis!). Nous disposons d'importantes colonies propices à la culture de canne à sucre. Pourquoi ne les développons nous pas pour préparer le remplacement du nucléaire? (le bioéthanol de canne à sucre a un rendement 1.5 fois supérieur au pétrole...). A cela on peut ajouter l'éolien et le solaire dont les performances s'améliorent de jour en jour. Nous avons en main toutes les cartes pour sortir du nucléaire dans de bonnes conditions.
P
Toutes les industries présentent des risques. Et jusqu'à présent, les installations du cotentin font la démonstration de leur sécurité, créent des emplois très nombreux dans des industries de pointe. <br /> Le nucléaire présente peut-être des risques qui semblent plus effrayants que d'autres risques industriels mais ces dernières décennies j'ai vu des morts du pétrole, des morts d'AZF, des morts dans les mines de charbon, mais aucun problème lié au nucléaire en France. Alors faut arrêter d'effrayer les gens.
H
Je viens d'écouter votre interview du directeur de la Centrale de Flamanville et je pensais que ce genre de discours pas très sincère datait d'un autre âge.<br /> D'abord concernant le séisme. Nous sommes avant tout bien d'accord que ce dernier n'aurait problablement pas, au Japon, eu d'incidences comparables à celle du Tsunami.<br /> Le séisme donc. Prétendre que les sites français ont été implantés dans les zones les moins risquées niveau séisme, c'est archi faux. C'est même plutôt l'inverse. Mais le séisme est bel et bien pris en compte<br /> dans le dimensionnement. Pour chaque site, on récolle toutes les informations disponibles sur les séismes passés situés à proximité. Il est évident que pour les séismes antérieurs au 20e siècle on n'a que des <br /> données qualitatives (il faut alors ensuite supposer des efforts réellement diffusés par le séisme...). On récupère les efforts de ce séisme et on en déplace virtuellement les effets au droit de la centrale, avant de les majorer (sur l'échelle de richter on ajoute 1 mais il faut savoir qu'en réalité ce sont bel et bien des efforts qui sont pris en compte: en effet le type de sol sur lequel est implanté la centrale amplifie ou absorbe ces efforts). Après, le risque sismique impacte les infrastructures, mais aussi les matériels à l'intérieur. C'est un sujet complexe, mais pleinement pris en compte en France qui a d'ailleurs fait d'énormes efforts à ce sujet.<br /> Prétendre que nous sommes mieux armés que les japonais à un accident nucléaire grace à la redondance et la séparation des voies, à mon avis c'est un mensonge! Je pense qu'au Japon comme en France et bien que le process soit différent (les centrales à eau pressurisées sont a priori plus "faciles" à conduire en situation accidentelle) les centrales ont été conçues par Westinghouse (pour la France, c'est sûr, pour le Japon c'est l'info qui circule). Et donc, les mêmes principes élémentaires de sûreté on été pris en compte! Mais on peut dire que le principe de redondance et séparation des voies n'a pas été dimensionné au tsunami! Que peut-on faire face à un tel raz-de-marée? La question se doit d'être posée!<br /> Le risque avion... On fait des calculs probabilistes compliqués, et on retient que le risque qu'un avion de ligne s'écrase sur une centrale est trop faible pour être pris en compte. En fait, le dimensionnement des centrales REP prend en compte la chute d'un petit avion de tourisme type Cessna ou Learjet, évidemment rien à voir avec un Airbus A380... Tout cela et bel et bon jusqu'au jour où l'on réalise (un certain 11/09...) qu'un avion pourrait volontairement, à des fins terroristes, s'écraser sur une centrale nucléaire! Il faut donner une réponse: soit on sait démontrer que les enceintes des bâtiments réacteurs résistent à un A380, soit on indique qu'il est impossible de faire s'écraser un tel avion sur une enceinte tant il faudrait des qualités de pilotage importantes. C'est ce dernier argument qui a été retenu. Concernant l'EPR, l'information est assez curieusement confidentielle...Monsieur Morvan parle ici de la précontrainte de l'enceinte! Qu'elle ait un rôle à jouer dans des vibrations sans doute. Et surtout à une pression interne (type accident grave avec dégagement d'H2). Cet argument n'a pas beaucoup de poids par rapport à la chute d'avion. S'il faut rajouter un mot sur le risque de terrorisme, on peut dire que sur Flamanville, certaines toitures terrasse communiquent directement avec les locaux sensibles de la centrale. On peut imaginer une équipe de terroriste débarquer en hélicoptère et la sûreté de la centrale ne tiendrait plus alors qu'à la qualité de la serrure(!).<br /> La durée de vie. Les centrales françaises n'ont jamais été dimensionnées pour 60 ans. La seule centrale française dimensionnée pour 60 ans est l'EPR (du reste, on s'attend à ce qu'avant 60 ans, il n'y ait plus d'uranium dans le monde...). Le retour d'expérience sur les autres centrales montre qu'elles seraient assez robustes pour envisager une exploitation à 60 ans et en effet tous les 10 ans on les passe en revue pour voir si l'on peut les exploiter 10 ans de plus dans l'espoir de les utiliser 60 ans et pourquoi pas plus (en changeant la cuve du réacteur par exemple). Dans l'absolu, si l'on sait garantir l'intégrité de la sûreté de la centrale, il vaut mieux continuer à exploiter une centrale existante plutôt que polluer un nouveau site! Néanmoins, la culture de sûreté d'EDF s'efface peu à peu devant une logique de profit à tel point que certains observateurs étrangers sont stupéfaits du manque de tenue de nos centrales alors qu'étant un leader mondial nous devrions être exemplaire! J'ajoute que ce qui fait la durée de vie d'une centrale, c'est à la fois la qualité de la conception et celle de la maintenance! Dire que la centrale la plus âgée est une mauvaise centrale est une idiotie! <br /> J'espère que cette mise au point aura été utile!
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